Rien n'est plus gratifiant qu'attraper un poisson avec un leurre fabriqué par soi-même. Vous être crafteur, bricoleur ou juste curieux de connaitre les étapes de fabrication ? Cet article va vous aider à comprendre les mécanismes principaux de réalisation d'un leurre à truite, mais aussi notre fonctionnement.
Avant toutes choses, il est important d'avoir une idée du design (forme, taille...) du leurre. Le plus facile est de faire un croquis sur du papier autocollant (vue de côté et vue de dessus).
Pour fabriquer un leurre dur, vous devrez aussi choisir le matériau. Plusieurs possibilités s'offrent à vous :
Remarque : la totalité de nos PN sont en résine biosourcée et biodégradable. Nous vous conseillons de rester sur le bois, car la résine époxy et la mousse expansive sont très nocives pour l'environnement.
Pour la suite, nous allons continuer avec l'exemple du bois. Avant d'arriver au produit final, il y a énormément conception et de main d'œuvre pour arriver à une nage et un équilibre parfait, efficaces sur les poissons.
3) L'armature
C'est elle qui va recevoir le fil et les deux hameçons. Deux solutions s'offrent à vous :
- Faire une armature complète avec de la corde à piano comme sur la photo. Cela vous oblige à couper le leurre dans le sens de la longueur pour y insérer l'armature et à le réassembler.
- Ou le plus simple (ce qu'on vous conseille): visser des petits œillets avec un point de colle.
4) Un peu de technique ;)
Plusieurs choses vont avoir une influence : la forme et l'inclinaison de la bavette, la forme générale du leurre, et son équilibre.
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La bavette : c'est elle qui va faire nager le leurre. En fonction de la taille, forme et inclinaison, le leurre nagera de différente manière (nage serrée, lente ou dynamique, résistance au courant...). Il n'y a pas de science infuse (ou nous ne l'avons pas encore trouvée), il faut tester !
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L'équilibre : c'est lui qui va "animer" le leurre lors des poses. Plusieurs sont possibles, mais en règle générale, il faut que le leurre descende à l'horizontale (en oscillant) pour un modèle coulant. Il faut donc jouer sur des lests à l'intérieur du leurre. Pour un suspending, même principe sauf que le leurre doit avoir la même densité que l'eau !
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La forme du leurre : elle aura aussi une incidence sur la nage, sur la résistance face au courant, et aussi sur l'équilibre. En fonction de la forme, l'hydrodynamisme sera différent. Là aussi, de nombreux tests sont nécessaire.
Vous l'aurez compris, toute l'action du leurre va dépendre de ces paramètres !
5) La bavette
Dans le cas d'un leurre fait main, la forme est déjà définie donc pas besoin d'y retoucher. Nous vous conseillons de commencer avec une bavette de forme ronde : c'est la plus simple à travailler. Une fois la bavette réalisée dans du plexiglass ou de la fibre de verre, vous pourrez la monter sur le leurre en y taillant une fente au cutter et en la collant avec une colle liquide ou époxy.
Remarque : pourquoi le faire avant contrairement à ce que disent les autres tutoriels présents sur le web ? Simplement parce que la bavette amène un hydrodynamique. En cas de pose, le leurre va descendre dans l'eau, horizontalement. Mais la bavette va exercer une force sur l'eau, qui risque de déséquilibrer le leurre. En fonction de son poids et surtout de sa taille et de sa forme, l'équilibrage sera différent.
6) L'équilibrage
Attachez les hameçons, et mettez le leurre dans l'eau. En fonction de sa descente, il faudra mettre du poids en tête ou en queue. L'objectif étant qu'il descende horizontalement. Pour fixer les petits poids en métal sur le leurre, le mieux est de faire un petit trou sur le ventre pour y insérer la bille en la scellant avec de la pâte à bois. Un dernier ponçage est nécessaire pour tout égaliser.
7) La peinture
Il faut commencer par masquer la bavette, et boucher les pores du bois en passant un primer bois.
A partir de là, c'est libre cours à l'imagination. Vous pouvez poser de la feuille d'aluminium, du film holographique, ou simplement peindre votre leurre comme vous l'entendez. Tout est possible !
Pour l'aérographe, l'utilisation de pochoir est obligatoire. Il est possible de les tailler dans une feuille papier ou plastique par exemple.
8) Le vernissage
Le vernissage va dépendre du matériau :
- Pour du bois, deux couches de vernis marin feront l'affaire
- Pour du bois et tout le reste : le vernis époxy est très solide tout comme les vernis UV ou cellulosique.
Remarques : il est possible d'utiliser un tour à vernis, qui permet de lisser la "peau" du leurre, pour un meilleur rendu visuel !
II) Et nous, comment faisons-nous ?
Nous modélisons nos leurres directement sur un logiciel de CAO (conception assistée par ordinateur) ce qui permet de passer directement sur une production en série.
Mais avant, ce sont donc des mois de conception et de test qui sont nécessaires pour aboutir à une nage novatrice et un équilibre parfait. En plus de nombreux essais différents pour choisir la meilleure bavette en adéquation avec la forme générale du leurre, nous travaillons énormément l'équilibrage.
Pour cela, nous jouons sur 7 à 8 points de masse différents pour arriver au meilleur équilibre possible. Les lests sont en acier en restant dans le respect de l'environnement.
Une fois les deux coques fabriquées (en résine biosourcée et biodégradable) grâce à un procédé innovant tenu secret, on vient les assembler (en rajoutant les armatures métalliques et les lests en acier), puis les coller. Le ponçage est la dernière étape de la partie "assemblage".
La mise en peinture est faite manuellement à l'aide d'un aérographe mais certains détails sont faits au pinceau ou avec des petits bâtonnés. Les pochoirs sont obligatoires.
Nous utilisons comme base une peinture pailletée qui brille au soleil, et par-dessus des couleurs plus mates pour relever le coté naturel. Les peintures sont acryliques (c'est à dire que le solvant est l'eau), "Made in Spain", et sont donc plus respectueuse de l'environnement qu'une peinture solvantée.
Enfin, la dernière étape : le vernissage ! Nous utilisons vernis anti-UV pour pistolet qui amène une plus grande facilité d'exécution, un lissage plus important tout en employant moins de produit... ;)
Pourquoi ne pas utiliser un vernis biosourcé ? Nous avons testé la quasi-totalité des vernis du marché, et malheureusement il n'existe pas encore d'équivalent à l'heure actuelle, offrant une aussi bonne résistance aux éléments.
La limite est donc technologique.
III) Comment fabriquer un leurre souple à la main ? (ou presque)
Après plusieurs mois de tests, nous avons mis au point un imitation de vairon, très naturel et efficace en action de nage. Mais comment procéder ? Pour arriver à ce résultat, nous avons d'abord commencé à faire des prototypes en pâte à modeler. L'important est d'avoir une idée plus ou moins finale de la forme désirée.
A partir de là, l'étape suivante et de réaliser les moules. Deux solutions :
- Produire un modèle sur l'ordinateur de façon à usiner un moule en aluminium. Ce dernier, bien qu'onéreux à fabriquer, à l'avantage d'être quasi indestructible.
- La seconde solution est de fabriquer un moule en silicone. Je vous invite à regarder un des nombreux tutoriels disponibles sur Google.
Une fois coulé/injecté en une couleur de base, il reste à peindre le leurre à l'aérographe et à le glacer (trempe) de façon à le lisser.
Remarque : nos leurres souples sont garantis sans phtalates (composés chimiques hautement toxique) rendant le leurre plus respectueux de l'environnement.